CLIQUEZ ICI POUR CONSULTER LE RAPPORT.
VANCOUVER – Les prévisions qui sous-tendent l’engagement de 12,6 milliards de dollars du gouvernement fédéral à l’égard du projet de doubler la capacité de l’oléoduc Trans Mountain (TMX) ne tiennent plus la route en 2020, selon un nouveau rapport de géologue d’expérience David Hughes.
C’est ce que conclut l’étude Réévaluation de la nécessité du projet d’agrandissement du réseau de Trans Mountain, publiée aujourd’hui par le bureau de la Colombie-Britannique du Centre canadien de politiques alternatives dans le cadre du Corporate Mapping Project. Sur la base des plus récentes données sur les prévisions de production, les expansions annoncées d’oléoducs existants, l’augmentation des coûts et les prix du pétrole sur les marchés américains et asiatiques, le rapport conclut que la capacité de transport supplémentaire du projet TMX excédera les besoins et ne donnera donc pas lieu à la majoration de prix espérée pour les producteurs canadiens.
« La déclaration du gouvernement fédéral voulant que le projet TMX doive être réalisé pour accroître les capacités d’exportation et la rentabilité des producteurs canadiens de pétrole n’est tout simplement pas crédible, » affirme M. Hughes. « L’agrandissement annoncé des oléoducs existants, y compris le réseau principal d’Enbridge, ainsi que l’achèvement de la Ligne 3 d’Enbridge en 2021, créeront une capacité d’exportation plus que suffisante pour les producteurs de pétrole canadiens jusqu’en 2030, et jusqu’en 2040 et au-delà si une partie de la capacité ferroviaire de l’Ouest canadien est utilisée, » ajoute-t-il.
Contrairement aux affirmations voulant que l’acheminement de pétrole lourd vers les zones côtières aux fins d’exportation vers l’Asie permettra d’obtenir un prix supérieur à celui des marchés américains, le rapport estime plutôt que cela entraînera une perte de 4 à 6 $ par baril ou davantage. Cette perte sera due aux coûts de transport élevés et à une baisse des prix sur le marché en raison d’un manque de capacité de raffinage du pétrole lourd en Asie comparativement aux États-Unis, qui détient plus de la moitié de la capacité mondiale. Présentement, la majeure partie du pétrole lourd expédiée via l’oléoduc Trans Mountain existant depuis le terminal de Burnaby est déjà acheminée vers la côte Ouest des États-Unis.
En outre, la pandémie de COVID-19 a entraîné une baisse sans précédent de la demande de pétrole et a diminué les perspectives à long terme des producteurs de pétrole. L’Agence internationale de l’énergie a récemment conclu que la demande de pétrole atteindra son pic au cours de la prochaine décennie; pour sa part, le géant pétrolier BP croit que la demande a déjà atteint son pic en 2019.
M. Hughes fait de plus observer que les arguments en faveur du projet TMX ne tienent plus la route dans le contexte de l’engagement du Canada à atteindre la carboneutralité d’ici à 2050.
« Même avec un objectif de 80 p. 100 de réduction des émissions d’ici 2050, selon les prévisions de production actuelles de la Régie de l’énergie du Canada, à elles seules, les émissions des secteurs gazier et pétrolier dépasseraient à elles seules l’objectif de 2050 de plus du double. Si le plafond de 100 mégatonnes de l’Alberta sur les émissions provenant des sables bitumineux était mis en œuvre, l’objectif de 2050 serait dépassé de 81 p. 100 », déclare-t-il.
« Le projet TMX diminuera donc la capacité du Canada à réduire ses émissions en encourageant la croissance de la production pétrolière », ajoute M. Hughes.
Les 12,6 milliards de dollars payés par les contribuables pour financer le projet TMX seraient utilisés à bien meilleur escient s’ils étaient directement investis dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Dans l’état actuel des choses, le Canada n’a pas de plan viable pour atteindre ne serait-ce que l’objectif de 2030 de l’Accord de Paris, et encore moins pour respecter la promesse du gouvernement d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050, explique-t-il, en ajoutant que l’affirmation selon laquelle la réalisation du projet TMX est nécessaire pour financer la réduction des émissions de carbone n’est pas crédible.
« Même en tenant compte des prévisions de production existantes, le projet n’est pas nécessaire et n’entraînera pas une augmentation de la rentabilité pour les producteurs. Le Canada a besoin d’une stratégie énergétique viable pour répondre aux besoins en sécurité énergétique des Canadiens tout en respectant ses engagements en matière de réduction des émissions de gaz a effet de serre », ajoute M. Hughes.
Ce rapport a été réalisé dans le cadre du Corporate Mapping Project (projet de recensement des entreprises; CMP). Le CMP est un projet de recherche et de dialogue public mené de concert par l’Université de Victoria, le Centre canadien de politiques alternatives (bureaux de la Colombie-Britannique et de la Saskatchewan), et l’Institut Parkland en Alberta. Ce projet bénéficie du financement du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH).
-30-
Pour en savoir davantage, contactez: [email protected].