Fast Facts: Nous Travaillons tous ensemble afin de nous entraider: Ma Mawi

Author(s): 
September 10, 2009

Cette année marque le vingt-cinquième anniversaire de l’un des organismes autochtones les plus innovateurs et fructueux de Winnipeg, le centre Ma Mawi Wi Chi Itata. Celui-ci a été mis sur pied en 1984 grâce aux efforts d’Autochtones, surtout des femmes par l'entremise d’organismes autochtones pour femmes. En 1997, Ma Mawi a entrepris une transformation remarquable, se recréant en tant qu’organisme authentiquement autochtone. Ce qui était un organisme fort et important dès le départ, est devenu un organisme exceptionnel dont la mission est d’offrir aux familles autochtones des programmes et services d’aide et de prévention axés sur la culture.

L’étincelle immédiate qui a provoqué la création de Ma Mawi est la noyade dans sa baignoire d’un bébé autochtone de 18 mois qui avait été placé dans une famille d’accueil non autochtone, surpeuplée, qui ne respectait pas les normes provinciales. Plus généralement, on s’inquiétait du nombre d’enfants autochtones bénéficiaires de l’aide sociale. Les enfants autochtones constituent toujours 70 % à 80 % des enfants confiés aux organismes de protection de la jeunesse au Manitoba. En fait, il y a eu plus d’enfants autochtones bénéficiaires de l’aide sociale qu’il y en a eu dans les pensionnats autochtones.

 

Évolution vers une démarche axée sur la collectivité :

Au milieu des années 1990, Ma Mawi était organisé comme tout autre grand organisme de services sociaux. Le personnel travaillait dur pour aider les familles autochtones, mais au sein d’un organisme lui-même structuré comme une bureaucratie. Le travail y était perçu comme celui de « professionnels » répondant aux besoins de « bénéficiaires ». L’organisme était situé sur la rue Broadway, parmi les bureaux des sociétés d’assurance et du gouvernement, loin des personnes qu’il souhaitait aider.

En 1997, quelques employés de Ma Mawi ont commencé à réaliser que l’organisme était devenu si bureaucratique qu’il avait perdu contact avec la collectivité. L’Assemblée générale annuelle de 1997 a marqué le début d’un processus intense de consultation des membres des collectivités autochtones. Comme l’affirme la directrice actuelle, Mme Josie Hill : « La plupart ne savaient même pas que Ma Mawi existait ».

Au cours des trois années de consultation avec les collectivités autochtones qui ont suivi, Ma Mawi s’est rendu compte qu’un grand nombre s’attendait à ce que l’organisme se rapproche davantage de la collectivité et soit plus visible. Ma Mawi a donc beaucoup modifié sa façon de fonctionner.

C’est un phénomène remarquable. C’est un cas d’ organisme bureaucratique relativement important qui s’est métamorphosé en fonction des souhaits de sa clientèle.

Le concept à la racine du changement est la collectivité. Ma Mawi a tenté de rétablir les liens avec la collectivité autochtone urbaine, d’œuvrer de concert avec la collectivité en vue de bâtir sur les forces existantes et de lui faire acquérir la capacité de résoudre elle-même ses problèmes. L’organisme est passé d’une méthode axée sur les « lacunes », consistant à « réparer » ce qui ne va pas, à une méthode de développement communautaire axée sur les atouts, qui consiste à déterminer ses forces en vue de bâtir en s’appuyant sur ces forces. La prémisse est que ce ne sont pas les professionnels et les experts qui vont résoudre les problèmes des Autochtones. Ce sont les Autochtones eux-mêmes qui le feront et le rôle de Ma Mawi est d’aider la collectivité à y parvenir.

Les locaux sont maintenant répartis dans le centre-ville de façon à être plus accessibles aux personnes auprès desquelles Ma Mawi souhaite travailler. L’organisme est passé d’une situation où, dans 90 % des cas, elle dénouait des crises, à une démarche de développement communautaire, orientée sur la prévention et l’aide aux familles et aux collectivités. Elle a désormais des comptes à rendre à la collectivité autochtone. Ma Mawi est devenu un organisme d’apprentissage qui offre du soutien au personnel afin de lui faire acquérir des aptitudes de chef de file au sein de l’organisme. On a élaboré des programmes en vue de développer l’art de diriger et la capacité de la collectivité, dont les membres ne sont plus des « bénéficiaires », mais des partenaires.

Cette démarche concorde au nom Ma Mawi, qui signifie : « Nous travaillons tous ensemble en vue de nous entraider ».

 

Bâtir sur les forces de la culture autochtone

Ce qui caractérise surtout la démarche communautaire de Ma Mawi, c’est que toutes ses activités d’acquisition de la capacité prennent racine dans les cultures autochtones. Ses programmes font la promotion de la guérison au sein de la collectivité, en grande partie en retrouvant la fierté d’être autochtone. Ma Mawi offre le Pow Wow Club pour

les jeunes Autochtones, le programme de louveteaux et d’éclaireurs autochtones, les programmes PACE (Positive Athletic Cultural Experience) et la promotion des enseignements traditionnels et de l’apprentissage des cérémonies traditionnelles. On organise des groupes de soutien pour les femmes, les hommes et les enfants; un programme pour les jeunes pères; et un programme de mentorat pour les jeunes femmes. Des ateliers se tiennent périodiquement sur l’art de diriger et l’acquisition de la capacité. Les Neighbourhood Care Sites offrent des programmes visant à tisser des liens communautaires et à acquérir des compétences à divers emplacements du centre-ville. Le nouveau centre de ressources et d’apprentissage communautaire Windy Hill est un bel établissement en dehors de la ville qui accueille une grande variété de projets. Ma Mawi offre de plus en plus d’établissements résidentiels subventionnés aux femmes et aux familles. De nombreux programmes existent en vue d’aider les jeunes familles et de promouvoir des relations saines et des styles de vie sains. Ce sont tous des programmes et services d’aide et de prévention pertinents sur le plan culturel.

      L’objectif est de renforcer les familles et les collectivités autochtones en bâtissant sur les forces qui s’y trouvent déjà et en leur permettant de s’épanouir, et ce, en faisant honneur à ce qui distingue les Autochtones et en devenant fier d’être autochtones. Ma Mawi Wi Chi Itata emploie maintenant quelque 200 personnes. Le personnel et les membres du conseil d’administration sont autochtones. La façon de faire est autochtone.

De plus en plus d’organismes autochtones font du bon travail à Winnipeg. Ma Mawi en est un, mais un d’importance. Ces organismes indiquent la voie de l’avenir de Winnipeg. Ils revoient la façon de faire les choses en faisant preuve de créativité dans leurs réponses aux demandes de la collectivité.

La part autochtone de la population de cette ville continuera de s’accroître et de s’accroître rapidement dans un avenir prochain. Cela donne lieu à de

nombreuses possibilités stimulantes pour nous tous. Pour saisir ces possibilités, nous devons nous ouvrir à de nouvelles et innovatrices façons de faire les choses. Le centre Ma Mawi Wi Chi Itata montre la voie.

 

Jim Silver est professeur de sciences politiques à l’Université de Winnipeg et membre du conseil d’administration du CCPA — MB.

 

Nous publions une mise à jour de ce feuillet d’information en l’honneur du vingt-cinquième anniversaire du centre Ma Mawi.

 

 

 

 

Attached Documents: 
Offices: